
Voici une réflexion de Catherine Venne sur les avantages du développement de la pleine conscience pour les éducateurs, les gestionnaires et les travailleurs en général.
Catherine Venne est consultante et enseignante en ressources humaines (développement des compétences et gestion de carrière) ainsi que rédactrice stratégique. Elle est une fidèle élève de Yoga CoeurActions. À l’automne 2016, elle a publié son premier roman, Les eaux glauques.
Les exigences du travail et la quête de bien-être général chez les travailleurs sont parmi les sujets d’actualité de notre société. Il est ainsi fréquemment question dans les médias des coûts sociaux de l’absentéisme (ou du présentéisme) au travail, des impacts professionnels de la maladie mentale et de l’exigence de développement de nouvelles compétences professionnelles. Bon nombre d’entre nous cherchent un équilibre entre vie professionnelle et personnelle et nous nous adonnons à des activités de ressourcement variées dont le yoga et la méditation. Des études réalisées aux États-Unis affirment d’ailleurs que près de 15 % de la main-d’œuvre serait engagée dans une forme d’activité liée à la pleine conscience. En Amérique du Nord, cette approche est utilisée dans plus de 200 hôpitaux américains et enseignée aux futurs médecins à l’Université de Montréal.
Si on souhaite lui donner une définition simple, on peut dire que la pleine conscience est l’habileté humaine qui permet d’être pleinement conscient d’où nous sommes, de ce que nous faisons et de ce qui entoure sans réagir ou se sentir submergé (overwhelmed). Parmi les compétences nécessaires à la vie professionnelle et au maintien de notre équilibre, nous pouvons nommer :
- la résilience qui nous aide à nous adapter à des situations stressantes de telle sorte que nos ressources psychophysiologiques demeurent intactes,
- la gestion du stress,
- la capacité d’adaptation aux changements,
- la résolution de problèmes.
À la fois pratiquante de l’approche de la pleine conscience et curieuse d’en savoir plus sur sa validité scientifique, j’ai entrepris un tour d’horizon en consultant plus de 20 sources qui récoltent des données auprès de plus de 1 000 personnes, dont des études scientifiques, des conférences et des évaluations psychologiques visant à mesurer le développement de la pleine conscience.
Ce que nous apprend la recherche – les constats généraux sur la méditation
Une des études expose que la pratique de la méditation offre des effets positifs sur la santé et le bien-être des individus dans le cadre de leurs activités quotidiennes, au-delà du temps qu’ils passent en méditation active. Elle réduit ainsi l’excitation subjective et physiologique pendant et immédiatement après la méditation, elle favorise une sensation de renouvellement et de vitalité qui peut être investie dans l’accomplissement de tâches de manière performante.
Pleine conscience et yoga
Plusieurs des approches corps-esprit qui favorisent la pleine conscience incluent la pratique du yoga. Les études démontrent qu’il favorise à la fois à la réduction du stress et la résilience. Plus encore, le yoga stimule une attention simultanément portée au corps, à la respiration, aux aspects affectifs et cognitifs. Il permet également l’autorégulation, une meilleure adaptabilité physiologique et psychologique ainsi qu’une plus grande résilience en réduisant la réactivité émotionnelle et en abaissant le point de réactivité physiologique.
Dans le domaine de l’enseignement
L’enseignement est une fonction professionnelle stressante qui invite à une gestion des émotions (les siennes propres par l’enseignant et celles des étudiants) et impose une variété de facteurs de stress physiques et psychologiques. Les professeurs ont ainsi la responsabilité de fournir un environnement d’apprentissage stimulant afin de favoriser la réussite et d’offrir un climat qui soutient le fonctionnement socio-émotionnel des étudiants.
Dans ces contextes exigeants aux plans cognitif, intellectuel, social et émotif, où une réponse comportementale positive est souhaitée, la pleine conscience inclut quatre habiletés :
- Écoute attentive des autres,
- Ouverture, acceptation et réceptivité aux pensées et sensations des étudiants dans le présent,
- Compassion pour les étudiants,
- Concentration à la fois sur le contenu et sur ses propres émotions.
Les bénéfices de la pleine conscience pour les enseignants sont liés à la santé :
- moins de stress,
- moins d’anxiété,
- réduction du risque d’épuisement professionnel.
Ils sont aussi liés au comportement :
- meilleure gestion de classe,
- mise en place d’un climat positif dans la classe,
- bien-être au travail accru,
- plus d’auto-compassion et de calme.
Qu’en est-il des gestionnaires d’équipe ?
Les gestionnaires qui mettent à profit la pleine conscience améliorent leur confiance en eux-mêmes, leur sentiment d’accomplissement, leur satisfaction professionnelle et leur capacité de résolution de problèmes. Ultimement, ils sont ainsi en mesure d’être des meilleurs coachs.
Apprendre la pleine conscience
Il y a plusieurs façons de s’initier à la pleine conscience et les techniques sont multiples : techniques de respiration, scan corporel, yoga ou pratique de mouvements et de postures, méditation de pleine conscience sous forme assise, marchée ou en mangeant, partage d’expérience avec des collègues. Leur critère d’efficacité commun est que l’enseignement soit offert par une personne qualifiée et qu’il y ait pratique quotidienne.
Cette recherche m’a profondément convaincue que les bénéfices de la pratique de la pleine conscience sont accessibles et nécessaires à nous tous, enseignants, gestionnaires d’équipe et travailleurs. Elle nous aide à développer notre conscience de nous-mêmes et avec cela notre gestion du stress, notre résilience et, au passage, notre confiance en nous et nos saines relations avec ceux qui nous entourent !